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Philippe Ermenault, le feu à la piste

Le 02/04/2024

Dans L'Acheu'Rien #2

Philippe Ermenault, 54 ans, est un ancien coureur cycliste sur piste au palmarès impressionnant : Il a participé à trois Jeux olympiques et une dizaine de championnats du monde, il en est reparti plusieurs fois primé !

Le vélo violet

Philippe Ermenault est né à Picquigny, un joli petit village de la Somme. Il a eu une enfance sportive, pratiquant le judo et la course à pied. Il a choisi le vélo grâce à celui qui deviendra son meilleur ami. Son premier vélo, il l’a acheté dans la seule boutique de son village qui ouvrait à l’époque : « un beau vélo violet à paillettes, super joli », nous dit-il avec les mêmes paillettes dans les yeux qu’à l’époque. Un vélo unique, dont il se souvient avec tendresse et qui lui a ouvert un nouvel univers, celui du cyclisme.

Malheureusement ce même vélo a été victime d’une chute qui l’a cassé ! Suite à ça, Philippe Ermenault s’est décidé à en acheter un autre mais cette fois pour faire des compétitions. Il a commencé par la route mais il a vite changé pour la piste, suite à une rencontre déterminante.

A ce moment-là, le jeune homme est tombé amoureux du vélo et il a senti qu’il pouvait en faire un métier étant prédisposé à cette gestion de l’effort que demande le cyclisme sur piste puisqu’il n’y a ni vitesses, ni frein.

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Ermenault « à son prime »


Quand il a commencé le vélo il s’est dit : “pourquoi pas participer à un championnat quelconque ? [...] Le pied si je devenais champion de France” et il l’est devenu. Il s’est ensuite dit la même chose pour les Mondiaux, il n’y croyait pas mais il est devenu champion du monde. Alors ? Pourquoi ne pas devenir champion Olympique ? 

Il a donc participé à trois Jeux olympiques : Barcelone en 1992 où il obtient la 5ème place, puis Atlanta en 1996 où il a gagné deux médailles : une en argent en individuel et une en or par équipe et enfin Sydney en 2000 où il est arrivé 4ème. Le champion olympique nous a confié que sa course préférée reste celle d’Atlanta où il a vu sa vie défiler avant de gagner. Il en garde un souvenir extraordinaire et nous a évoqué l’immense joie qu’il a eu de monter sur le podium et d’entendre la Marseillaise résonner dans tout le stade !

Fier d’avoir atteint ses objectifs, il nous a présenté ses médailles olympiques et son maillot que nous avons pu toucher ! Impressionnant !!!
 

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Son quotidien de sportif de haut niveau

Pendant près de 15 ans, des années 90 à 2000, Philippe Ermenault a été athlète de haut niveau, ce qui lui a demandé une préparation physique très exigeante, les entraînements étaient harassants : 20 à 25 heures de sport par semaine et jusqu’à 1000 km de vélo dans la semaine, sous la pluie, dans le froid ou sous un soleil intense. Parfois même, il vomissait à la fin, tellement c’était dur. En s’approchant de la trentaine, il a saturé de ce quotidien pour garder son niveau, quand il a participé aux JO de Sydney, il s’est donc dit que ce serait sa dernière compétition.

Le relai de la passion

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Philippe Ermenault est donc devenu une icône du cyclisme sur piste français, et il a « transmis le virus » pour ce sport à son fils, Corentin. Agé de 10 ans, il a exprimé son désir de suivre les traces de son père, son père a répondu : "Oui, à tes 14 ans” espérant qu’il prendrait un autre chemin. Corentin a donc commencé le football mais le destin en a décidé autrement : le jour où Corentin a atteint ses 14 ans, il a réitéré son désir de devenir cycliste et son père a finalement cédé devant tant de détermination.

Au tout début, il a été identifié comme "le fils de" mais il a vite montré de quoi il était capable et il s’est fait son propre nom, au point où il est devenu double champion du monde de poursuite individuelle. Sa réussite n'a pas seulement été marquée par des victoires personnelles, mais aussi par son dévouement envers le sport et envers ceux qui en ont besoin.

Lors des Jeux paralympiques de Tokyo, Corentin a eu l'honneur d'être le guide pilote d'un coureur mal-voyant sur piste démontrant son esprit sportif et son engagement envers l’inclusivité. Ainsi, la passion de Philippe Ermenault pour le cyclisme a trouvé un nouvel élan à travers son fils Corentin qui est aujourd’hui en lice pour les JO de Paris. Nous lui souhaitons d’y briller !

 

Sur la piste : moins d’argent, moins de piqûre !

L’ancien cycliste nous a raconté qu’il n’avait jamais touché aux produits dopants car c’est inutile selon lui, “ça n’a pas d’intérêt et c’est dangereux.” Il nous a confié que sur piste il y avait moins de dopage car il y avait moins d’argent en jeu comparé au cyclisme sur route. 

Il ne sait pas s’il a déjà fait des courses avec des adversaires dopés mais après l’affaire Festina en 1998, les courses, notamment sur route, étaient surveillées de très près par rapport au dopage :  « Il y a eu une vraie prise de conscience dans le milieu sportif ». A l’époque, vélo et dopage étaient fortement liés dans le cyclisme sur route car les cyclistes étaient très bien payés en cas de victoire ce qui les amenait à se doper. Mais pour Philippe Ermenault, l’ancien champion « si tu gagnes moins, tu ne mets ta santé en l’air », cependant “c’était assez désagréable d’être assimilé à ça”.

 

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Une fin flamboyante

En août 2024, l’ancien athlète portera la flamme paralympique, il en est très fier ! C’est pour lui, nous a-t-il dit, “un bel hommage surtout à mon fils qui lui aussi est devenu champion olympique en devenant les “yeux” d’un athlète paralympique mal-voyant.” Un beau symbole et la boucle est bouclée. 

Pour résumer, nous avons eu la chance de rencontrer quelqu’un de gentil, d’une grande humilité, une personne comme tout le monde, malgré son parcours, avec une vraie mentalité de gagnant, doté d’un grand courage car il a eu la force de réaliser ses rêves et d’atteindre ses objectifs.

Son message : son parcours est « le fruit de belles rencontres au moment opportun ». Il souhaite à tout le monde d’avoir cette chance et de la saisir surtout !

 

Rédaction : La classe de 1ère bac pro des métiers des arts de la pierre et techniciens menuisiers agenceurs
Crédit photo : Club Médias