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Anthony Leroy, la mémoire des mains

Le 02/04/2024

Dans Musique

Elles font vibrer les cordes et glisser habilement l’archer pour produire des mélodies. Ce sont les mains d’Anthony Leroy, violoncelliste amiénois. Le musicien et sa compagne pianiste, Sandra Moubarak, font le tour du monde pour offrir des instants de grâce musicale.

 

C’est sous un soleil éclatant, en bord de Somme, non loin de la Maison éclusière de Lamotte-Brebière, que nous retrouvons Anthony. Le ruissellement de l’eau et une légère brise accompagnent les notes et les paroles du violoncelliste. « Je me rends compte en vieillissant que ce fleuve me charme de plus en plus. La Somme est merveilleuse. D’une beauté sublime et authentique. » C’est au bord de ce fleuve, dans ce cadre bucolique qu’il nous propose une interprétation tout en mélancolie du Cygne de Camille Saint-Saëns.

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Violoncelliste de renommée internationale, Anthony a été formé au conservatoire d’Amiens. Depuis, l’artiste a fait le tour du monde accompagné de sa compagne pianiste, Sandra avec qui il forme le duo Leroy-Moubarak. Marcel Proust le musicien, interprétations de Brahms ou Rubinstein, autant d'albums que le couple a produit et qui démontre leur talent. Bien qu’ayant joué aux quatre coins du globe, ils restent très attachés à la Somme. Pour un musicien et de surcroît, un violoncelliste, les mains sont fondamentales. L’Amiénois entretient un rapport particulier avec celles-ci.

La souplesse des mains

Jouer du violoncelle demande une parfaite synchronisation entre les deux mains. Pour mettre en place cette harmonie anatomique, la souplesse est de rigueur. « La première qualité qu’il faut, et qui est commune aux deux mains, c’est la souplesse. Jouer du violoncelle ce n’est pas tout à fait naturel, c’est quelque chose qui s’apprend.» explique t-il. Quand il commence à jouer face à nous son corps est comme happé par son instrument, il ne fait plus qu’un avec lui. Sa main gauche presse les cordes avec habileté, tandis que la droite fait glisser précisément l’archer au bout du manche.
 

L’esprit et la mémoire musculaire

 

Même si les mains ont un rôle fondamental dans la pratique de cet instrument, elle mobilise également l'esprit. « Les mains doivent être le reflet de ce qui se passe dans notre for intérieur. Finalement, elles ne sont pas les seules à générer la musique, c’est aussi le cœur, la tête. C’est cela qui fait qu’on est en émotion, en vibration. »

L’artiste a un rapport presque métaphysique avec son violoncelle. Lorsqu'il en joue, il est comme transcendé et s’évade vers des horizons inconnus. Ce voyage intérieur transparaît sur son visage. Anthony est là, mais à la fois, ailleurs. « Je m’en vais vers des émotions, des visions... Vers des élans amoureux, de bonheur. »

Cette liberté d’esprit, l’artiste l’a conquise grâce à l’indépendance de ses mains.

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L’autonomie manuelle que détient le Samarien se développe avec le temps et s'explique par la science. « Il y a un facteur qui est primordial : c’est la mémoire musculaire. Quand je joue un morceau plusieurs fois, ma mémoire musculaire mémorise les milliers d’informations que je lui demande de mettre en place : l’écart entre les doigts, la puissance que je mets sur la corde... Tout ça sont des milliers de paramètres que le cerveau stocke et fournit à l’instant T quand je joue. »

 

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Ses mains se baladent, virevoltent le long des cordes et imposent une puissance à l’archer. La musique, un art universel qui rassemble et qui nous élève. Un art qui permet à tout un chacun de s’évader, de rêver et qui atteint directement le cœur.

De notes en notes et au fil des cordes de son violoncelle, Anthony fabrique du rêve avec ses mains ; à l’image de la balade en barque musicale qu’il nous propose au cœur des Hortillonnages.

 

 


Interview : Léandre Leber
Rédaction : Ryad Hammoud
Photos : Kevin Devigne