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Marie-Violaine Chenal, la grande fille modèle

Le 04/04/2024

Dans Portraits

La première chose que l’on remarque chez Marie, c’est sa manière d’occuper l’espace. Même assise sur ce canapé, il y a ce petit truc qui n’est pas tout à fait commun. Un port de tête, une manière de poser son regard, de bouger ses longs bras. Au quotidien, Marie est mannequin. Et on comprend assez vite que ce métier ne consiste pas à s’effacer derrière des tenues de créateurs. Mais à leur donner vie.

 

On rencontre Marie lors d’un week-end à Amiens, la ville où elle a vécu jusqu’à la fin du collège. « J’apprécie de revenir ici. Mon père Daniel y vit toujours. J’ai de très bons souvenirs, à l’école Delpech, au collège Sagebien. Je porte Amiens dans mon cœur. J’aime me balader dans la Vallée des vignes et rejoindre les champs et les bois à proximité. » Une respiration dans une vie professionnelle haletante.

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Si sa carrière a débuté à 15 ans, devenir mannequin n’était pas un rêve d’enfant. « Tout s’est passé un peu par hasard. Ma mère m’a inscrite au concours New Fashion Generation. Nous étions 200 000 candidats de toute la France. J’ai terminé deuxième. » Un résultat qui lui apporte un contrat d’exclusivité avec l’agence Next Paris, l’une des plus grandes agences au monde. Elle y restera 6 ans. « La première année est consacrée à l’apprentissage du métier : poser, s’entraîner à marcher pour les défilés, se comporter face au client. On travaille aussi la confiance en soi. » Essentielle à l’adolescence surtout pour un métier qui consiste à être vue et regardée.

Les premiers contrats arrivent après quelques mois. Sa silhouette élancée lui ouvre les portes de la haute couture. Ce sera donc Chanel, une maison de couture, anagramme de son propre nom de famille, avec laquelle elle continue de travailler 9 ans plus tard.

Un an avec Jean-Paul Gaultier

« Le mannequinat pour moi c’est avant tout de belles rencontres et la possibilité de vivre des choses plutôt extraordinaires » Comme ce défilé croisière de Karl Lagerfeld, à Séoul devant la Princesse de Thaïlande. « Je côtoie régulièrement Giorgio Armani ou Alexandre Vauthier. J’ai pu aussi collaborer avec Jean-Paul Gaultier pendant un an. Les tenues étaient conçues directement sur moi ! » Aujourd’hui, Marie varie les types d’engagements. À côté des maisons de haute couture déjà citées, elle compte aussi Hermès, Vuitton ou Yves Saint Laurent. Elle est régulièrement retenue pour des shootings de magazines de mode, des campagnes d’affichage pour des produits de beauté, des photos pour les sites web de marques comme The Kooples ou Zadig & Voltaire. Derrière ces noms qui peuvent faire rêver, le mannequinat est un métier exigeant, notamment à Paris où les 3000 mannequins de la place se livrent une concurrence assez rude.

« Il faut être disponible tout le temps. Il m’est arrivé de passer des castings au milieu de la nuit prévenue à peine quelques heures plus tôt ou d’être appelée la veille pour un défilé à Ibiza le lendemain. » En période de showroom (la présentation aux clients qui suit les défilés), le rythme est intense. « Ce sont des journées qui débutent à 7 h et se terminent à 21 h avec une pause de 20 minutes pour manger. Il faut être solide. »

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À 24 ans, la préoccupation de Marie, c’est aussi la fin de sa carrière.

Faire avancer sa carrière, c’est aussi savoir prendre des risques. « Je me prépare à partir à Sydney puis à New-York, l’autre capitale de la mode. Personne ne me connaît là-bas, je vais tenter de décrocher les contrats directement sur place. » Son agence avance certains frais, qu’il faudra rembourser, idéalement via les contrats signés. « Si tout se passe bien, je travaillerai jusqu'à 30 ans en tant que mannequin. Il faut déjà que je me prépare à l’après. J’ai poursuivi mes études jusqu’à un Bachelor en communication événementielle. J’espère poursuivre dans la mode mais cette fois du côté de l’organisation des événements. »


Sous le regard empli de fierté de son père, Marie finit l'entretien en évoquant quelques missions réalisées à travers le monde. On comprend mieux alors d’où vient ce petit truc en plus : il faut une véritable force de caractère et une énorme endurance physique pour incarner la fragilité et la grâce devant les regards du monde entier..

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Propos recueillis par Léandre Leber

Rédaction : Vincent Trelcat 

Photos : Kevin Devigne